Sermon de la prière de L’Aïd AL FITR 2024/1445
Sermon de la prière de L’Aïd AL FITR (Fête du Ramadan) 2024/1445
Date : Mercredi, 10 avril 2024 soit 1er Chawwal 1445
Lieu : Terrain de l’Université de Lomé
Présenté par : Imam SANNI Karimou, Imam principal de la mosquée de l’Université de Lomé, Vice-Président de l’Union Musulmane du Togo.
Louange à Allah ! Il est la grandeur.
Musulmans mes frères, chers croyants en Dieu, la modestie est une des leçons à tirer du jeûne de Ramadan.
Les gens humbles et modestes sont hautement considérés par les créatures et le créateur. Les gens hautins et suffisants qui dédaignent autrui et sont arrogants, sont toujours pris en aversion par les créatures et punis par le créateur.
Un signe de l’humilité est que l’on ne change pas après avoir obtenu un statut élevé, une grande fortune, une grande connaissance ou une notoriété importante, ou quoi que ce soit que le public estime.
L’humilité est une clé vers les autres vertus. Celui qui est humble peut posséder toutes les autres vertus, alors qu’en général, celui qui n’a pas d’humilité est privé des autres vertus.
Après son égarement antérieur, le Prophète Adam a pu néanmoins retrouver, par son humilité, ses anciens liens avec l’au-delà.
En revanche, Satan, qui a subi le même test qu’Adam, est devenu la victime irrécupérable de sa suffisance et de son arrogance.
Soyez tolérant au point que votre cœur devienne aussi vaste que l’océan. Soyez inspiré avec la foi et l’amour pour autrui.
Tendez la main à ceux qui ont un problème et souciez-vous de tous.
Garder un secret est la même chose que garder votre chasteté. Ceux qui gardent un secret, qu’il soit personnel ou qu’il soit celui d’un ami, reste chaste.
Evidemment, l’actualité dans notre pays reste dominée par des enjeux électoraux. Nous voulons tous des élections libres, démocratiques et transparentes.
Les élections législatives et régionales prochaines interpellent chaque togolais car il s’agit de choisir ceux que nous estimons aptes à conduire notre destin, à nous donner des raisons d’espérer et à sortir le pays d’un gouffre.
La loi musulmane invite le croyant à l’engagement citoyen.
Notre foi induit une responsabilité vis-à-vis de Dieu et des hommes.
Le sens profond de la profession de foi, symbolisée par le doigt tendu invite à la droiture, à la dignité et à ce qui est juste et bien pour les hommes. Il s’agit de refuser, au nom de Dieu, de laisser le destin de milliers de personnes entre les mains de personnes inaptes, moralement déficientes et promotrices d’antivaleurs.
Un hadith du prophète SAW : « celui qui choisit un dirigeant pour diriger ses affaires alors qu’il y a mieux que lui a trahi Dieu, son Prophète et les croyants ».
Ce récit nous interpelle quant au devoir civique du croyant. Autant le croyant a le devoir de participer à la désignation de ses représentants à l’assemblée, autant il a le devoir de bien choisir, donc de bien voter.
Seul dans l’isoloir, mais avec Dieu comme témoin, prends tes responsabilités et sache que tu les assumeras ici et demain devant Dieu.
Faites un choix utile et bon le jour de l’élection et évitez les conflits, les déchirements nés à la suite de ces élections.
Les images poignantes de femmes, d’enfants et de vieillards sur le chemin de l’exil, les destructions de biens matériels, les conséquences de nos mauvaises gestions de l’après les élections, la cupidité et l’avidité des aspirants au pouvoir sont à proscrire.
Le choix du musulman ne doit être dicté que par le souci de s’aligner sur notre éthique.
Le croyant, le vrai, vote pour celui qui incarne des valeurs. Celui qui est honnête et intègre, qui cherche à vous servir et non à se servir, qui inspire la justice, qui ne divise pas le peuple, qui propose des solutions aux problèmes, qui s’engage à promouvoir le vivre ensemble, qui est humble, courtois et disponible pour les administrés.
Les critères de choix sont résumés en ces termes par le coran : « Si tu dois choisir, choisis le compétent, le loyal » Coran 28 verset 26.
Vous êtes aujourd’hui un bon politicien quand vous savez mentir, tromper et trahir. Les esprits volent bas, il n’y a pas de soubassement dans la perception des choses, vous voulez être députés, vous emballer le mensonge, l’enrober ne serait-ce trop tard avant que la vérité n’apparaisse.
Un musulman honnête qui veut du bien pour la cité des hommes peut à son poste de député être une lumière, car la foi est la lumière.
La réussite des élections prochaines ouvrira la porte du progrès dans notre pays. Chers togolaises et togolais évitons la violence pour les échéances prochaines car la violence s’insère entre deux principes contraires : le respect de la vie et la tolérance.
Le respect de la vie et de l’intégrité physique est constamment évoqué par le Coran. Il est prescrit de ne pas tuer injustement (6 : 151) : « c’est pourquoi nous avons prescrit pour les enfants d’Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c’est comme s’il faisait don de la vie à tous les hommes. »
L’Islam recommande aux musulmans de ne pas se faire justice, même si le Coran interdit aux musulmans de pratiquer l’injustice ou d’accepter l’injustice, les voix de recours sont prévues.
L’Islam recommande la collaboration entre les peuples. L’islam exige qu’afin de vivre ensemble et servir l’humanité, nous sachions que tous les hommes en tant que créatures d’Allah doivent se respecter en évitant toute discrimination.
Après les élections, les togolais doivent entrer dans une ère d’unité retrouvée qui impliquera l’acceptation des différences et des complémentarités.
Le respect des engagements découle de la fidélité envers Allah. Cela suppose de témoigner notre soumission à Allah par nos actions et notre amour.
Nous vous convions à une gestion de vos passions et émotions dans les sermons du vendredi, ou les prêches lors des baptêmes et mariages pendant cette période électorale.
Le message doit être celui du bon déroulement des élections et de la sauvegarde de la paix.
Allah sait mieux qui seront les Elus.
Pour conclure :
Notre responsabilité en tant que citoyens musulmans est de faire partie de la solution à une élection libre, transparente et apaisée.
Si nous voulons défendre la paix, les droits et libertés des citoyens togolais, indépendamment de leur foi, nous devons nous pencher sur toutes les dimensions, politique, économique, sociale et religieuse de la vie, prenons conscience de notre place certes apolitique mais qui donne des conseils religieux à l’action politique.
Nous pouvons lutter contre la violence, le terrorisme et les idéologies totalitaires qui les alimentent, en nous comportant de manière vertueuse dans nos vies, en dénonçant les interprétations extrémistes des sources religieuses, en restant vigilants face à l’impact de ces écarts sur nos jeunes et en enseignant les valeurs démocratiques dès le plus jeune âge.